Cela faisait des années que la rumeur enflait mais au fil des mois elle s'est muée en certitude. Le départ du Tactical Leadership Programme de Florennes est fixé à l'été 2009. C'est une page importante de l’histoire de la base qui se tourne, un chapitre qui couvre une période de vingt ans.
Petit rappel historique
Le TLP est né de la volonté de l’Allied Air Forces Central Europe (AAFCE) de développer des tactiques, des techniques et des procédures en vue d’améliorer l’organisation d’opérations aériennes tactiques multinationales. Début 1978, les six premières nations à signer le Memorandum of Understanding (MOU) - l’Allemagne, la Belgique, le Canada, les Etats-Unis, les Pays-Bas et le Royaume-Uni - créèrent le TLP qui accueillit ses premiers séminaires sur la base allemande de Fürstenfeldbruck. Un peu plus d’un an plus tard, l’organisation déménagea dans le nord de l’Allemagne, à Jever. Ce déménagement s’accompagna de la mise en place d’une phase “vol” qui porta la durée de chaque session à quatre semaines. En l’espace de dix ans, 71 sessions y seront organisées et 1916 équipages y seront diplômés. Des considérations tant météorologiques que politiques amèneront toutefois les responsables d’Aircent à envisager un nouveau déménagement, qui se concrétisera dès le printemps 1989.
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C’est la base de Florennes qui fut choisie pour ce redéploiement en raison de sa position centrale en Europe, qui permettait d’organiser des missions au-dessus de la Belgique bien sûr mais également de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la France et du Royaume-Uni, et de ses infrastructures, dont une partie venait d’être laissée vacante par le 485th Tactical Missile Wing. L'arrivée du TLP en Belgique fut marquée par une réorganisation qui vit la création des branches “concept & doctrine” et “academics”. En 1996, le Danemark et l’Italie rejoignirent les membres signataires du MOU. Le Canada, n’ayant plus d’unités stationnées en Europe, se retira un an plus tard tandis que l’Espagne adhérait au programme dès 2002. C’est également en 2002 que le TLP devint “Unit in support of SHAPE” et prit sa dénomination actuelle d’“Allied Command Operations Tactical Leadership Programme” (ACO TLP).
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Au cours de ces vingt dernières années, le TLP s’est ouvert à de nouveaux invités, d'autres nations faisant partie depuis longtemps de l’OTAN mais également des membres de l’ex-Pacte de Varsovie qui ont aujourd’hui intégré l’Alliance atlantique. Quelque 100 sessions de vol et 200 sessions académiques ont eu lieu à Florennes.
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Le choix d’Albacete
Le TLP a pour principal objectif d'accroître l’efficacité des forces aériennes alliées en formant des équipages capables de planifier et de diriger des opérations aériennes composites (COMAO). Au fil des ans, ces missions se sont fortement diversifiées et l’espace dans lequel le TLP évolue est de plus en plus étroit. Les scénarios actuels privilégient les opérations à moyenne ou à haute altitude, dans des zones déjà occupées en partie par le trafic civil. Les huit millions de mouvements aériens civils recensés en 2000 au-dessus des pays où opère généralement le TLP pourraient, selon les estimations, doubler d’ici 2020. De plus, les opérations de nuit prennent une importance croissante dans la formation des équipages et leur organisation au-dessus de zones à forte densité de population n’est pas sans poser problème.
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Tous ces aspects justifient sans aucun doute ce départ pour la base castillane d’Albacete où les conditions météorologiques seront en outre bien plus favorables. Les installations de la base permettront également de déployer sur place pendant les sessions d’autres appareils comme des E-3 Sentry, ce qui constituera indéniablement un plus. Et la mise en œuvre d’UAV a d'ores et déjà été évoquée. Au vu des évolutions techniques et tactiques, le choix d’Albacete est logique et les huit nations signataires du MOU ont investi vingt millions d’euros pour mettre en place la nouvelle infrastructure sur la base espagnole.
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Un départ en beauté
Difficile de passer sous silence le départ d’un exercice tel que le TLP qui, à chaque session, non seulement héberge près de 500 personnes et accueille entre 20 et 30 appareils mais qui suscite aussi l'engouement de centaines de spotters, belges et étrangers, qui se pressent le long de l'enceinte de la base. Les autorités l’avaient bien compris et à l'occasion de la dernière session, une journée presse et une journée spotters avaient été organisées. Le spotters’day a vu déferler plus de 1200 fanas bardés de leurs appareils et prêts à shooter les participants à cette dernière session “belge”.
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Cette journée fut indéniablement un succès et clôture vingt années de bonne cohabitation entre les autorités militaires belges et de l'OTAN et les nombreux “fous d’ailes” qui ont parfois dû vaincre les intempéries et la boue pour ramener quelques précieuses images. Une cohabitation qui méritait en tous les cas d’être soulignée.
¡ Hasta luego, TLP !
Texte : V. Pécriaux
Photos : D. De Wispelaere et V. Pécriaux
Mise en page: Daniel De Wispelaere
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